Regarde le monde
                           Regarde moi
                                               Aime moi
Parle moi
                 Dis moi les vérités ou les croyances
                                   Mais dans les yeux
            Donne moi confiance en toi
                                                   Aime moi
... Aide moi à t'aimer

Ben non je ne l'ai pas fait, "demain" je ne l'ai pas quitté. Parce que ce soir là, j'ai retrouvé l'espace de quelques heures celui d'avant. Il a compris qu'il était à deux doigts de me perdre. Alors non, je ne l'ai pas fait. Je sais à quelle réaction je vais avoir droit chez certaines personnes de mon entourage, mais moi, je veux y croire. Oui, il a fait des choses condamnables, mais d'abord moi aussi, et ensuite je ne veux pas passer le reste de mes jours à me punir pour le punir.

Jusqu'ici nous y avons tous les deux mis de la mauvaise volonté ... alors que la chance comme l'amour, il faut les apprivoiser ...



Le truc, c'est que j'aimerais m'ouvrir. J'aimerais vivre pleinement son retour, en être heureuse. Mais j'ai d'abord été bloquée par son indifférence, apparemment terminée "grâce" à une ultime crise il y a environ une semaine. Et maintenant, je suis bloquée par ces trois mois et ma rancoeur. Oui je lui en veux, je serais inhumaine de ne pas lui en vouloir ! Quelle sorte d'insensible déesse parfaite serais je ? ... j'ai du mal à expliquer ce que je ressens, parce que quand même, d'un côté je m'en veux de ne pas être cette insensible parfaite, qui comprend, qui pardonne, qui donne l'absolution avec le sourire, se niant soi même et "pardonne même à tes ennemis". Je me sens petite, mesquine et égoïste ... mais humaine.
D'un autre côté je suis peut être trop faible, aussi, ok je lui en ai fait voir de toutes les couleurs ces dernières semaines, mais est ce que ça n'aurait pas dû être plus difficile pour lui ?
Je suis partagée dans tout ça, et j'ai du mal à être objective, j'ai du mal à l'expliquer aux autres aussi, alors je reçois peu de conseils.
J'ai du mal à me laisser aller, à cesser de me battre dans cinq centimètres d'eau pour ne pas me noyer, au lieu de faire la planche tranquillement. Tout me parait encore si compliqué et je ne dis toujours pas "mon copain" en parlant de lui.
Je suis contradictoire : 'y crois mais par exemple, j'ai décidé que je lui achèterai son cadeau de Noël au dernier moment, notre couple est tellement fragile, je ne suis pas sûre qu'il existe encore fin décembre.
Je suis toujours dans le doute, j'y pense encore tout le temps. Cette séparation de trois mois (j'ai même du mal à la considérer comme ça et plus comme une séparation qui dure toujours) n'est pas une affaire classée, je continue de plancher dessus, d'en revoir les moindres détails.

Si je m'écoutais, j'achèterais tous les bonbons que je peux trouver, je prendrais mes belles éditions de Zola et de Maupassant, je me glisserais sous ma couette avec le chauffage à fond et j'y resterais. Je mourrais d'une overdose de sucre, une overdose qui doit être bien belle et bien douce, on doit faire des rêves roses et duveuteux, et peut être que j'ai toujours eu tort de croire qu'il n'y a rien derrière ...

Mais je croirais juste que je meurs ... en fait, je serais devenue toute enrobée de sucre et de joie de vivre, j'aurais retrouvé ma gaieté comme une chemisette que j'avais juste rangée pour l'hiver, j'arriverais à être heureuse de ce qui m'arrive, juste en ouvrant les bras et en étant contente de me lever, chaque matin.

Entre celui qui a un obstacle et celle qui n'arrive plus à ouvrir son coeur, on fait un drôle de couple, deux éclopés, deux responsables d'une erreur qu'ils n'ont pas voulu voir arriver mais qui est venue quand même, deux êtres qui se donnaient autrefois le nom d'âmes soeurs et qui aujourd'hui n'arrivent plus à communiquer, ne parlent plus la même langue et vivent dans un autre monde ... lui dans un monde où trois mois n'ont pas existé ... enfin, c'est ce qu'il essaie de se faire croire ... elle dans un monde où trois mois ne se terminent jamais ... à les revivre, sans cesse ... 

Il est à la fois l'objet de mes tourments et de mon amour, vivant ... profond ... indéboulonnable ... quand une épine fichée dans ta main te fait du mal, tu l'enlèves ... mais quand l'enlever équivaut à se vider de ta substance vitale ...

Ce soir j'ai compris qu'il me manque, mais pas lui ... celui qui me manque, c'est celui d'avant. Celui qui m'a rendue si heureuse. Il n'existe plus et je crois que c'est une des raisons qui a rendu notre rupture si douloureuse.

Je ne sais pas quoi faire, parce que celui que j'ai en face de moi n'est plus celui qui faisait battre mon coeur si fort, alors logiquement, je devrais le quitter. Mais il est tout ce qu'il reste de Lui ... je crois avoir enfin compris pourquoi je m'attache encore à lui alors que manifestement, il ne reste plus une branche viable : il est un symbole du fait que l'amour existe. Et le dernier vestige de mon immense bonheur à ses côtés.
Le quitter, c'est lâcher à jamais la main de ce bonheur passé. Et de l'espoir que ça recommence.
Rester, c'est constater, chaque jour, qu'Il n'existe plus.

Peut on jamais se détacher de la personne qui vous a fait comprendre que l'amour existe ?

Quand vais je arrêter de pleurer ? Quand ?

Soit j'apprends à vivre avec ce nouveau Lui, soit je les laisse tous les deux là où ils sont pour vivre ma vie ailleurs. Mais je crois que je ne peux pas vivre avec le nouveau Lui tout en lui reprocher de ne plus être l'ancien Lui, parce que ça va continuer comme ça : les coups de gueule, les incompréhensions, les attentes déçues ...

Je peux aussi attendre qu'il redevienne celui qu'il était avant, mais je ne crois pas ça possible. On ne peut pas exiger des gens qu'ils changent, en plus.

Parce que je crois qu'il ne reviendra pas ... qu'il ne reviendra plus ...

Je n'ai jamais su renoncer ... il va falloir apprendre.

Bonjour, mes angoisses de sommeil ! Comment ça va ? ça fait quelques temps que vous n'étiez pas venues me visiter. Je n'ose pas aller me coucher ...

.....

Quand est ce que je vais être heureuse, un peu ?

Mais le bonheur, il faut le décider pour qu'il se pointe. Et moi, je crois que je me suis auto enfermée dans ma propre tristesse.

Heureusement, quand on commence à s'en rendre compte, ça veut dire qu'on va mieux. Je crois.

Et demain, je n'arriverai pas à me lever ... comme d'habitude ...