Entendu à la télé, à propos d'une réforme promise qui n'est pas arrivée : "Là, c'est pas que la montagne a accouché d'une souris ... c'était carrément une grossesse nerveuse".
Non seulement c'est hyper bien tourné, mais c'est en plus exactement la définition de nos retrouvailles.
Il faut que je prenne une décision.

Je vais pas bien du tout.

Je suis revenue au même point qu'avant qu'il ne me quitte : les mêmes doutes, les mêmes questions sans réponses, que ce soit à lui ou aux autres que j'en parle. Je suis profondément malheureuse avec lui, mais profondément malheureuse sans lui. Comme une droguée qui sait que la dose qu'elle s'injecte tous les jours lui détruit la santé à petit feu mais qui ne supporte pas la vie sans ça.
Parce qu'il ne fait aucun effort, et nous vivons à nouveau comme avant. Je sais, oui je sais, que ce n'est pas facile pour lui non plus, qu'on ne vit pas d'amour et d'eau fraiche, que la vie ce n'est pas uniquement l'amour, il y a aussi d'autres soucis qui vous polluent la vie.
Le problème, c'est qu'il y a une donnée en plus dans l'équation difficile de notre histoire : trois mois où j'ai arrêté de vivre, une pause douloureuse, une longue et puissante déception. Je n'ai pas ressorti de sa cachette le carton où j'ai planqué tout ce qui me faisait penser à lui. Les cadeaux qu'il m'a faits dorment toujours dedans. Mon album photo est toujours plein de trous ; les images de notre histoire n'ont pas réintégré leurs places. Elle sont toujours absentes de mes murs également. 

Aujourd'hui ça fait trois mois.

Je vais mieux, je crois.

Je guéris. Doucement.




Peut être parce que je l'ai eue, ma réponse.
Il est revenu.
Mais moi, je ne sais pas si mon coeur est encore assez solide ... je lui en veux, et je ne sais pas ce qui se cache derrière ça. J'ai besoin de preuves. Je n'y crois pas. Je suis devenue un être de glace, pragmatique, comme un flic qui a besoin de preuves pour innoncenter un suspect. Je ne me comprends pas. Mais c'est trop facile. On ne brise pas un coeur entre ses mains pour revenir trois mois plus tard avec juste un bout de skotch pour colmater le trou. Trop de temps a passé. J'ai trop réfléchi, aussi. Je ne veux pas qu'on revienne au même point qu'avant de se quitter. Je ne veux pas du skotch, je veux du béton armé pour couler dans mes blessures et les refermer vraiment.

Alors, pour l'instant, on continue le décompte. Mais au moins, on se voit. Soulagement de ne plus se sentir en quarantaine.

Comme quoi, il me reste un semblant de dignité ... ouf.

Un baiser, quand même ... un moment d'éternité, tant attendu mais en même temps tant à se répéter que ça n'arrivera plus, sensation magique d'être une minute à nouveau à ma place -dans ses bras.

Ben moi je vais aller me coucher tout de suite hein, et j'espère bien me réveiller demain matin avec un trou dans la poitrine et constater que mon coeur s'est enfin décidé à prendre la poudre d'escampette.

La douleur se fait plus aïgue ces derniers jours, parce qu'il m'a donné des vraies raisons tangibles d'avoir de l'espoir, pas des raisons imaginées par un cerveau amoureux, non, il me l'a dit avec des mots, et je ne gère pas.
Je ne gère pas parce qu'avec toute cette envie qu'on a d'être ensemble, on ne l'est pas.
ça nous éloigne encore plus l'un de l'autre, j'ai du mal à l'expliquer, on en a tous les deux envie mais il y a ces raisons ridicules et pompeuses, savoir qu'il a cette envie et ces raisons me font un mal de chien.
Cet entre deux, je ne le supporte pas parce qu'on est ni en couple, ni séparés.
C'est une souffrance intolérable parce qu'on sent que la paroi entre nous est aussi fine que du papier à cigarette, mais aussi dure que de la pierre.
Je suis à deux doigts de son corps à enlacer, et je ne peux pas l'atteindre.

Je ne gère pas et je pleure.

Alors c'est dit hein ? Demain il sera là ... au pied de mon lit et il me dira ... c'est fini mon amour, c'était juste un cauchemar ...

C'était juste un cauchemar ...

Un cauchemar.