Aujourd'hui j'ai à nouveau passé une journée enfermée chez moi à pleurnicher et j'ai l'impression que mon entourage le comprend de moins en moins. Je ne veux pas aller bien pour faire plaisir aux autres. Je sais que me voir les yeux dans le vague et sentir que je ne me relève pas est difficile pour eux aussi, mais aller bien parce qu'on veut que son monde ne s'inquiète plus, je n'y arrive pas, je vais tellement mal que je ne peux plus faire semblant, c'est tout.

J'ai envie de tout laisser tomber, je ne vois plus ce qui peut me donner des raisons d'aller bien, de me battre, d'être debout et forte.
Je ne sais plus pourquoi je suis en vie. Je ne sais pas pourquoi c'est si dur alors que finalement, ce n'est qu'un chagrin d'amour banal.

Je vais mal depuis des années, des ennuis, des problèmes, des névroses, des échecs, dont je me croyais guérie grâce à notre amour qui m'élevait. Et puis son départ et les raisons ridicules de celui ci me font replonger. Et je me retrouve, une fois de plus, à pleurnicher devant mon écran. J'étais scencée sortir demain soir mais je crois que je n'en aurai même pas le courage.
J'ai toujours su que si on se séparait, ce serait une catastrophe pour moi, j'ai toujours su que je mettrais du temps à m'en relever, que ce soit lui ou moi qui prenne la décision fatale. Mais je ne savais pas que ma souffrance resterait aussi vive.

Cet après midi, j'ai entendu à la radio qu'une femme pleure en moyenne 30 à 60 fois par an. Moi depuis cet été, je crois bien que je fais exploser la moyenne.

Et si ... s'il revenait et que ça ne marchait pas ?
Si je devais dissiper moi même le rêve que je caresse depuis soixante dix sept jours ?

Et s'il avait brisé quelque chose entre nous, irrémédiablement ?

J'espère toujours mais j'ai peur de ça.

Je foncerais quand même mais je ne suis plus sûre d'être capable de me laisser aller.

Tu as passé une journée normale.
Tu penses un peu à autre chose, tu essaies de te concentrer, il est bientôt 19h, qu'est ce que je vais manger, tu es plus ou moins dans la course du monde, en apparence au moins.
Tu as allumé la radio, tu n'écoutes pas vraiment, tu te demandes ce qu'il reste comme viande, penser aux petits riens de la vie te maintient la tête alors de l'eau.
Et puis sans que tu y prennes garde, la radio décide de diffuser une de vos chansons.
Ces chansons comme tous les couples en ont, notre bande son à nous.
Alors la réalité te revient aussi brusquement que si le plafond crevait tout à coup pour te déverser sur la tête et les épaules l'eau qui dégringole sur le toit depuis ce matin.
Tout à coup, ce qui tourne en permanence dans mon esprit devient réalité, et je me rappelle que nous sommes séparés, que nous nous aimons encore, que je n'ai toujours pas compris ce qui s'était passé.

Depuis hier, je suis résolue à prendre l'un des deux chemins : avec toi, ou sans toi. Mais je ne peux plus vivre dans l'entre deux, ce n'est juste plus faisable.
La longue période de silence que je lui ai imposée à mon tour a porté ses fruits : il est revenu vers moi, pas jusqu'à me demander de mes nouvelles, faut pas pousser hein, mais quelques mots touchants, gentils, symboliques. ça me redonne de l'espoir mais me fait surtout me rendre compte que si j'ai aussi mal, c'est parce que je me sens toujours comme aux premiers moments, ceux où on arrive pas à croire ce qui nous arrive, où on a encore l'impression que c'est juste une crise, un mot dit trop vite mais qui sera vite repris. Je suis toujours dans l'entre deux. En pause. Parce que je sens qu'il peut basculer de l'autre côté.
Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre mais je dois avoir cette discution avec lui que j'attends depuis soixante quinze jours.
Ce n'est pas que je veux pouvoir tourner la page, aimer quelqu'un d'autre, non. C'est juste que c'est vital, parce que je suis en train d'étouffer, là.
Avec ou sans toi. Mais pas avec ton fantôme.

S'il existe un Dieu pour les filles-encore-amoureuses-mais-plus-en-couple (ce dont, franchement, je doute ...), qu'il me donne la force de ne pas envoyer de texto pour lui souhaiter une bonne journée quand je me lève tôt pour aller en cours comme je l'ai fait pendant des années ... qu'il me donne la force de continuer à me retenir ! Et sinon, je dirais que c'est de sa faute, na !