Le carton aux choses taboues qui me le rappellent dort toujours sous mon lit, recouvert d'une pile de choses non identifiées pour le soustraire à ma vue si l'envie me prenait de chasser les moutons là dessous (oui, j'ai tout prévu).
Mon album photo a toujours des trous : les photos de nous n'ont pas retrouvé leur place. Et comme personne n'aime comtempler une dention à trous, il a rejoint le Carton.
L'annulaire de ma main gauche reste sans bague : quelque chose m'empêche de porter à nouveau celles qu'il m'a offertes. Pareil pour mon cou et mes poignets, qui s'ornent de tout sauf des bijoux que j'ai découvert dans un coffret rouge un soir de Noël, d'anniversaire ou de Saint Valentin.
Ma bibliothèque a elle aussi des allures de mâchoire trouée : de toutes les belles éditions dont il m'a fait cadeau (les livres, ma passion), aucune n'a réintégré sa place.
Continuer la liste de ses cadeaux m'est toujours douloureux : je dirais donc que les autres objets de mon chez moi, ceux qui ne viennent pas de lui, continuent d'essayer de donner le change en se serrant les uns contre les autres pour compler les trous.
Les gens me croient toujours célibataire : à part deux membres de ma famille et mes deux meilleures amies, ainsi que quelqu'un qui a un blog et qui se reconnaitra, je n'ai dit à personne que Nous existait à nouveau.
Et dans ces quelques personnes, il n'y en a aucune à qui j'ai annoncé la chose avec un large sourire ou des points d'exclamation partout.
... je ne sais pas si ça veut dire que je n'ose pas y croire. Non, ça veut tout simplement dire que je n'y crois pas.
En fait, je ne comprends pas vraiment. Juste qu'on est en train de se perdre.
C'est un peu affolant. Mais surtout symbolique du fait que pour moi, non, on est pas ensemble.
Oh mais je me sens quand même ... tellement mieux.
Aide moi à me relever. Petit à petit.