Tu as passé une journée normale.
Tu penses un peu à autre chose, tu essaies de te concentrer, il est bientôt 19h, qu'est ce que je vais manger, tu es plus ou moins dans la course du monde, en apparence au moins.
Tu as allumé la radio, tu n'écoutes pas vraiment, tu te demandes ce qu'il reste comme viande, penser aux petits riens de la vie te maintient la tête alors de l'eau.
Et puis sans que tu y prennes garde, la radio décide de diffuser une de
vos chansons.
Ces chansons comme tous les couples en ont, notre bande son à nous.
Alors la réalité te revient aussi brusquement que si le plafond crevait tout à coup pour te déverser sur la tête et les épaules l'eau qui dégringole sur le toit depuis ce matin.
Tout à coup, ce qui tourne en permanence dans mon esprit devient réalité, et je me rappelle que nous sommes séparés, que nous nous aimons encore, que je n'ai toujours pas compris ce qui s'était passé.
Depuis hier, je suis résolue à prendre l'un des deux chemins : avec toi, ou sans toi. Mais je ne peux plus vivre dans l'entre deux, ce n'est juste plus faisable.
La longue période de silence que je lui ai imposée à mon tour a porté ses fruits : il est revenu vers moi, pas jusqu'à me demander de mes nouvelles, faut pas pousser hein, mais quelques mots touchants, gentils, symboliques. ça me redonne de l'espoir mais me fait surtout me rendre compte que si j'ai aussi mal, c'est parce que je me sens toujours comme aux premiers moments, ceux où on arrive pas à croire ce qui nous arrive, où on a encore l'impression que c'est juste une crise, un mot dit trop vite mais qui sera vite repris. Je suis toujours dans l'entre deux. En pause. Parce que je sens qu'il peut basculer de l'autre côté.
Je ne sais pas encore comment je vais m'y prendre mais je dois avoir cette discution avec lui que j'attends depuis soixante quinze jours.
Ce n'est pas que je veux pouvoir tourner la page, aimer quelqu'un d'autre, non. C'est juste que c'est vital, parce que je suis en train d'étouffer, là.
Avec ou sans toi. Mais pas avec ton fantôme.
