Si je m'écoutais, j'achèterais tous les bonbons que je peux trouver, je prendrais mes belles éditions de Zola et de Maupassant, je me glisserais sous ma couette avec le chauffage à fond et j'y resterais. Je mourrais d'une overdose de sucre, une overdose qui doit être bien belle et bien douce, on doit faire des rêves roses et duveuteux, et peut être que j'ai toujours eu tort de croire qu'il n'y a rien derrière ...

Mais je croirais juste que je meurs ... en fait, je serais devenue toute enrobée de sucre et de joie de vivre, j'aurais retrouvé ma gaieté comme une chemisette que j'avais juste rangée pour l'hiver, j'arriverais à être heureuse de ce qui m'arrive, juste en ouvrant les bras et en étant contente de me lever, chaque matin.

Entre celui qui a un obstacle et celle qui n'arrive plus à ouvrir son coeur, on fait un drôle de couple, deux éclopés, deux responsables d'une erreur qu'ils n'ont pas voulu voir arriver mais qui est venue quand même, deux êtres qui se donnaient autrefois le nom d'âmes soeurs et qui aujourd'hui n'arrivent plus à communiquer, ne parlent plus la même langue et vivent dans un autre monde ... lui dans un monde où trois mois n'ont pas existé ... enfin, c'est ce qu'il essaie de se faire croire ... elle dans un monde où trois mois ne se terminent jamais ... à les revivre, sans cesse ... 

Il est à la fois l'objet de mes tourments et de mon amour, vivant ... profond ... indéboulonnable ... quand une épine fichée dans ta main te fait du mal, tu l'enlèves ... mais quand l'enlever équivaut à se vider de ta substance vitale ...